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Une photographe et un artiste peintre

Au début était une caravane. Et deux artistes. Une photographe, Sylvie Derumier, totémiste du très noble argentique noir et blanc, qu’elle révèle dans sa chambre noire. Et un artiste peintre, Phil Billen, amoureux de la mer et de ses vaisseaux, inventeur de sirènes aux couleurs suaves. Ces deux-là se rencontrent en 1993. A Bruxelles, dans leur pays. Et l’histoire d’amour commence, qui sera aussi une histoire d’amour de l’art, puis l’épopée de deux artistes travaillant en duo de temps à autre…

Sylvie a déjà exposé en tant que photographe mais elle décide six mois après la rencontre avec Phil, d’ouvrir sa maison de Bruxelles à des artistes choisis avec soin, entamant résolument son métier de galeriste. Phil de son côté, choisit d’abandonner son métier de graphiste pour se consacrer entièrement à son travail de peintre et de sculpteur et achète un atelier au centre de la jolie ville de Vence sur les hauteurs de la Méditerranée. Chacun son lieu, chacun sa personnalité, chacun son travail. Mais toujours entre eux, la complicité, quelle que soit la distance. Une nouvelle vie commence. 
Le songe d’une oeuvre à deux mûrit lentement et fermement, telle l’ambition d’un enfant chéri. C’est un heureux hasard qui fera voir le jour à l’oeuvre en duo. Phil qui travaille avec des photocopies de photographies de Sylvie, les fait imprimer. Elles sortent de la machine par erreur sur du papier calque. Une fois posées sur l’immense vaisseau atelier du peintre, elles se coulent sur ses dessins. Et l’accouchement espéré se fait jour. Un monde neuf surgit. La naissance de la création commune est là, palpable, belle et forte, parée pour une vie fabuleuse. 
 
Phil, formidablement ému, appelle Sylvie à Bruxelles. « J’ai trouvé » exulte-t-il. 
 
Il faut dire que Sylvie a laissé carte blanche à Phil. C’est lui qui sélectionne  les photos de Sylvie sur lesquelles il choisit de poser ses propres personnages ou bien de colorier d’abord en tons pastels, puis en nuances plus acidulées, presque pop. Rien n’est prémédité. « Cela se fait tout seul » estime Sylvie qui cependant, au fil du temps, se met en retrait dans ses photos pour que l’artiste peintre puisse mieux s’exprimer ensuite. 
atelier d'artistes
Les premières réalisations se font à partir des photos argentiques en noir et blanc modelées en pleine nature par Sylvie que rien n’arrête. Ni les barbelés, ni le soleil ardent, ni Phil. En fidèle assistant et homme amoureux, il l’accompagne dans la poursuite de ses images et leur mise en scène. Chacun son terrain de chasse!  Sylvie affectionne l’arrière-pays niçois et ses collines tapissées de rêche végétation. Phil est tourné vers la mer. Dès qu’ils peuvent, ils quittent Vence et partent vagabonder. Ces promenades sont une respiration et permettent le parcours de Sylvie sur le chemin de ses fantaisies. Elle trouve la caravane, leur caravane, toutes en courbes généreuses, telle le ventre rond d’un enfant à naître et qui sera le point de départ de leur aventure artistique en duo. Elle crée le personnage onirique d’une femme romantique en robe blanche qu’elle pose en des lieux abandonnés, interdits et âpres, qu’elle repère à des lieues de son oeil aiguisé et rebelle. 
 
Sylvie, mue par son passé de psychologue impliquée dans l’action sociale, affectionne les lieux à la marge qui rappellent à sa mémoire et à son coeur les SDF ou les jeunes en perdition qu’elle accompagna plusieurs années durant. Utopiste, l’artiste plante son histoire dans ces décors lointains et mythiques emplis de vies passées qu’elle réinvente, poursuivant hors des sentiers battus, son attrait pour la différence.
 
La caravane fait aussi écho dans le coeur de Phil. Elle lui rappelle sans nul doute les cabanes qu’il se construisait, enfant, au fond du jardin et qui lui permettaient de voyager -à distance de ses quatre frères et soeurs- tout en restant là. Cette expérience il l’a même poussée à son extrême en vivant un an dans une camionnette, sur la Côte d’Azur avant d’investir son atelier vençois. Ainsi, ce bateau sur roues, échoué dans les roches, avec ses flancs de métal ronds, parle un langage intime aux deux artistes. Elle est leur arche de Noé et le point de départ de leur travail à deux.
 
La tôle noire et blanche de la caravane qui rappelle le métal torturé par Phil dans ses sculptures, lui permet de s’approprier les photos argentiques de Sylvie. Il revendique des tirages bleus, proches des nuances de la Méditerranée. Il veut voir jaillir l’éclat du vent et de l’acier dans les photos choisies. 
Un jour, le nom des oeuvres From two to two, surgit. Cette expression née d’un souvenir d’une litanie chantée par Phil enfant s’applique pleinement à la création à deux coeurs battants du couple.  
 
Entre-temps, l’homme offre un Leica à sa femme, qui voit alors la vie en couleurs et en numérique. Délestée de son lourd matériel d’origine, Sylvie entame un travail sur la vitalité, la promenade des Anglais, la plage et saisit la vie en mouvement. Les scènes sont spontanées, les couleurs appliquées par Phil se font acidulées et pop. 
 
Vers Saint-Tropez, la photographe visite son légendaire cimetière. Les médaillons fanés, les mots déposés, les statues penchées, immuables comme le personnage de cette femme romantique qu’elle avait créé auparavant, parlent à Sylvie. La série des statuaires éclot, dans laquelle Phil apporte un nouveau type de sirènes, femmes stylisées, dont les traits soutenus rappellent la bande dessinée. La collaboration évolue et mûrit.  
Au départ Phil avait peur. Peur de malmener le travail de Sylvie, peur d’étouffer la photo, peur de dominer. Le geste intime et délicat qui consiste à glisser son dessin en dessous de l’image en transparence de la photographe l’a rassuré. Le succès vite au rendez-vous les conforte dans leur démarche de complicité artistique. De la même façon, que dans la vie, leur vie, chacun respecte la liberté de mouvement et de création de l’autre, ici chacun respecte la « touche » de l’autre. Au fur et à mesure, Sylvie fait de la place à Phil dans ses photos pour qu’il installe ses personnages, qui sont des réinterprétations par l’homme de la féminité du personnage créé par la photographe.
 
Cet espace, revendiqué par Phil, Sylvie lui a volontiers laissé, consciente que le respect de la singularité de l’autre, sans qu’aucun ne prenne le dessus, était la clé de leur aventure. En témoigne cette sobre signature commune : Phil & Sylvie, apposée discrètement sur le dessin avant de l’associer à la photo, ainsi que sur le verso du tableau.

Sylvie a ouvert l’album de leur histoire sans fin. Le peintre précise : « A un moment donné, comme un cinéaste, Sylvie a planté le décor, la lumière, l’ambiance, parfois même un personnage ». Phil armé de son oeil avide d’artiste et de sa main experte en couleurs reprend l’histoire là où elle est suspendue. A eux deux ils créent et recréent sans cesse leur histoire. Leurs histoires… Ce sont des conteurs de l’art et de l’amour. Des artistes en somme. 

Arielle De Groote

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